Travailler à l'étranger : les points de vigilance avant de choisir son pays employeur

11/06/2020
points de vigilance du travail à l'étranger

 

Vous souhaitez travailler à l’étranger ? Que ce soit pour trouver un emploi une fois diplômé, obtenir une meilleure rémunération qu’en France pour un travailleur chevronné, effectuer du volontariat ou une mission à l’international ; partir à l’étranger demande une longue préparation. Demande de visa pour s’expatrier au Canada ou en Australie, vivre au Portugal, découvrir une nouvelle culture en Suède, apprendre l’anglais aux États-Unis… de nombreux accords entre la France et d’autres pays facilitent l’obtention d’un permis de travail. Cependant, il n’est pas nécessaire d’aller à l’autre bout du monde pour trouver un poste qui valorise votre parcours professionnel.

En effet, les ressortissants européens peuvent aisément candidater à des offres d’emploi dans les pays membres de l’Union Européenne. Mieux encore, vous pouvez faire le choix de résider en France tout en travaillant dans un pays frontalier. C’est la décision que prennent de nombreux Français du Grand Est qui effectuent chaque jour des déplacements entre leur région et les pays transfrontaliers. Un mode de travail qui permet de gagner en qualité de vie, les salaires étant nettement supérieurs qu’en France.

Retour sur les points de vigilance avant de décider d’aller travailler au Luxembourg, en Belgique ou en Allemagne.

Emploi travailleur frontalier : quelles sont les particularités à connaître par pays ?

D’un pays à l’autre, les réglementations sociales et fiscales ne sont pas les mêmes. Si certaines peuvent être plus avantageuses qu’en France, d’autres peuvent être contraignantes. Focus sur certaines particularités.

La fiscalité

En ce qui concerne la fiscalité, la France n’a pas les mêmes accords avec le Luxembourg, l’Allemagne et la Belgique. Par exemple, au Luxembourg et en Allemagne, les salaires sont imposables (prélèvement à la source) puisque les impôts sont redevables au pays employeur. Pour la Belgique, le statut de frontalier au sens fiscal n’existe plus depuis 2012. Depuis lors, tout nouveau transfrontalier paie ses impôts en Belgique alors qu’auparavant, ils étaient redevables du pays résident. Les Français qui bénéficiaient du statut de travailleur frontalier avant 2012 peuvent continuer de payer leurs impôts en France jusqu’en 2033.

Le montant de l’impôt dépendra évidemment de votre salaire, mais aussi de votre situation familiale. En fonction, vous êtes affilié dans une certaine classe d’imposition. À savoir que des retenues fiscales peuvent vous surprendre, comme l’impôt de solidarité lié à la réunification de l’Allemagne de l’Ouest et de l’Est qui s’élève à 5,5% de l’impôt sur le revenu. Des petites particularités qui sont propres à chaque pays ! Vous pouvez vous faire aider par des associations ou un conseiller fiscal pour mieux comprendre le régime fiscal du pays employeur.

Le droit du travail

Concernant le droit du travail pour les salariés, des particularités subsistent d’un pays à l’autre. En Belgique, la période d’essai est supprimée depuis le 1er janvier 2014 dans le cadre d’un CDI ou d’un CDD. En outre, la Belgique ne pratique pas vraiment les CDD successifs, sauf exception (les missions et les fonctions doivent être différentes pour renouveler un CDD). À titre de comparaison, au Luxembourg, les périodes d’essai sont pratiquées sur une durée de 2 semaines à 12 mois selon votre rémunération et votre niveau de qualification. Plus ils sont élevés, plus la période d’essai l’est aussi. Autre particularité belge, la rémunération des ouvriers est versée deux fois par mois et celle des employés au moins une fois par mois !

Aller plus loin : Qui paye le chômage des travailleurs frontaliers ?

La reconnaissance des diplômes

Pour faire reconnaître vos diplômes et valider vos qualifications professionnelles, vous devez souvent contacter un établissement spécifique. Au Luxembourg, c’est le Ministère de l’Éducation Nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse qui pourra vous guider. En Allemagne et en Belgique, vous pouvez contacter le centre Enic-Naric, spécialisé sur l’équivalence des diplômes en Europe et à l’étranger.

Si ce sont des pays réputés pour offrir une meilleure rémunération qu’en France, le salaire social minimum brut et donc votre rémunération, dépend de vos qualifications. Il est alors important de se renseigner en amont sur la reconnaissance de vos diplômes dans le pays employeur afin de connaître votre catégorie professionnelle.

Le système de protection sociale

C’est l’un des aspects sur lequel il est important de se renseigner : la prise en charge des soins des frontaliers dans le pays résident et employeur. Dès lors que vous exercez une activité professionnelle sur un autre territoire, vous êtes affilié à son régime de Sécurité Sociale. Vous pouvez toutefois demander à être couvert par la Sécurité Sociale sur le sol français en transmettant à votre CPAM le formulaire S1.

Seulement, tout comme en France, le régime de base ne couvre pas assez efficacement certaines prestations de soins. Existe alors des assurances privées dédiées aux besoins des frontaliers : des mutuelles qui interviennent sur les deux territoires. C’est le cas de l’offre Frontalio qui propose un seul tableau de garanties pour intervenir sur les risques que vous pouvez rencontrer dans les deux pays. Seule la base de remboursement varie, puisqu’elle est fixée selon la réglementation du pays où l’incident a lieu.

À lire aussi : êtes-vous concernés par le droit d'option ?

Résidents français : trouver un job à l’étranger

De nombreux sites et organismes peuvent vous accompagner dans votre recherche d’emploi. Eures-T-Rhin supérieur facilite les offres entre l’Allemagne et Pôle Emploi Alsace. La région Grand Est s’implique également auprès des demandeurs d’emploi. On peut citer l’Eures qui organise des salons d’emploi, des ateliers workshop avec des services publics (Pôle emploi, ADEM, Bundesagentur für Arbeit, etc.) et qui mettent à disposition des conseillers pour vous aider dans vos candidatures transfrontalières.

Concernant le marché de l’emploi, le Luxembourg est réputé pour ses activités financières. L’Allemagne et la Belgique emploient énormément dans les industries manufacturières. On peut citer également les jobs liés au commerce, à la logistique, la santé humaine ou encore, les métiers relatifs au secteur assurantiel.

Bon à savoir : pour les étudiants, il existe des programmes spécifiques pour préparer un diplôme de niveau IV, V ou III. Selon le pays frontalier où vous souhaitez exercer, vous pouvez poursuivre votre formation. Par exemple, pour un BEP le cursus français est de deux ans en France, alors qu’il est de plus de trois ans en Allemagne. Vous pouvez poursuivre une année supplémentaire en Allemagne pour acquérir le diplôme allemand. Par ailleurs, la région Grand Est peut attribuer une bourse de mobilité pour participer aux frais de transport et d’hébergement des apprentis.

À lire aussi : Comment choisir une mutuelle en tant que frontalier ?